La malédiction de l’or noir dans le delta du Niger
Le paradoxe est bien connu, malheureusement : le pétrole rend pauvres bon nombre de pays producteurs d’or noir. Ou, plus exactement, il n’enrichit que d’étroites oligarchies ou autocraties pétrolières, au détriment de la plus grande masse des populations concernées. Trop souvent, cette “malédiction du pétrole” creuse dramatiquement les inégalités et entretient la corruption. Pour le plus grand profit des grandes compagnies pétrolières.
Economique et sociale, cette malédiction est également écologique. En Amérique centrale ou en Afrique notamment, ce sont des territoires entiers – et les peuples qui les habitent – qui sont ravagés, depuis des décennies, par une exploitation sans scrupule ni précautions.
A cet égard, le rapport que vient de rendre public le Programme des Nations unies pour l’environnement sur la pollution pétrolière du delta du Niger, au sud-est du Nigeria, est tristement éloquent. Au terme d’une longue et solide enquête, il met en effet en lumière l’implacable engrenage d’un désastre environnemental.
Le sort du pays Ogoni, dans le delta du Niger, est exemplaire, si l’on ose dire. L’exploitation du pétrole par la Shell y a commencé il y a un demi-siècle. Au début des années 1990, les habitants de ce vaste territoire se sont révoltés contre une activité qui détruisait leurs conditions de vie (la pêche) et de survie (l’eau potable). Cette quasi-guerre civile, écrasée dans le sang par le gouvernement nigérian de l’époque, a conduit à l’arrêt de l’exploitation pétrolière. Mais les dégâts écologiques ont continué : marées noires, fuites ou sabotages des oléoducs qui traversent la région n’ont pas cessé.
Pour les enquêteurs des Nations unies, les conséquences sont dramatiques : pollution généralisée, qualité de vie et santé publique d’un million d’habitants menacées, ressources halieutiques dévastées, etc. Ils soulignent que la restauration environnementale de la région constituerait la plus grande opération de nettoyage jamais réalisée dans le monde. Enfin, ils désignent clairement la responsabilité de la Shell.
Cette dernière conclusion est symptomatique de l’évolution trop lente, mais indéniable, qui est en cours. Consciente qu’elle serait inévitablement épinglée par les Nations unies, la compagnie anglo-néerlandaise a financé cette enquête. En outre, elle vient d’admettre, devant un tribunal britannique, sa responsabilité dans deux pollutions pétrolières qui ont souillé la région en 2008.
De même, à l’autre bout du monde et au terme d’un très long conflit, le tribunal de Lago Agrio, en Equateur, a condamné, le 11 février, la compagnie Chevron-Texaco à verser 6 milliards d’euros pour avoir pollué pendant cinquante ans toute une région de l’Amazonie.
Reste à savoir combien d’enquêtes ou de jugements comparables seront encore nécessaires pour que les compagnies pétrolières – et les élites locales qui les soutiennent – admettent qu’il est de leur responsabilité de contribuer à la réparation des dégâts qu’elles ont causés et au développement local des communautés qu’elles ont dévastées.
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